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BLONDEAU JEAN LEIBY PETIT TRIPIER
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« Le 12 février 1853
A Sa Majesté l’Empereur des Français,
Je soussigné BLONDEAU Joseph Auguste, préposé
des douanes demeurant rue Corbeau n° 25 à Paris,
Ai l’honneur d’exposer respectueusement à votre Majesté
les douloureuses circonstances dans lesquelles vient de périr
une famille presque tout entière.
BLONDEAU Jean Amable Félix, mon frère, ancien militaire
parti pour l’Algérie en novembre 1851, en qualité
de colon.
Père d’une nombreuse famille sans ressources, il quittait
la France sans trop de regrets, soutenu par l’espérance
de trouver en Afrique les moyens de se créer un avenir et d’élever
ses enfants.
Il s’embarqua donc avec sa femme et ses enfants ; mais cruelle
déception, quelques mois seulement après leur installation
à Bourkika, la famille entière, atteinte par les fièvres
entrait à l’hôpital de Blidah, et à quelques
jours d’intervalle, père, mère, 4 enfants plus un
5e qui devait naître et mourir sur cette terre d’Afrique,
y sont décédés !
Certes, ce malheur est inouïe, mais il est irréparable :
il faut s’incliner devant la volonté de dieu. Cependant,
aux dernières nouvelles, deux enfants, une fille âgée
de 14 ans, un petit garçon de 2 ans, vivaient encore….
Que vont devenir ces pauvres orphelins ?... la famille voudrait remplir
son devoir en les adoptant ; les enfants de notre frère deviendront
nos enfants et partageront avec les notre le pain de chaque jour ; mais
il nous sera impossible d’accomplir cette œuvre de piété
fraternelle si ces enfants ne sont pas ramenés en France aux
frais de l’administration, car nous sommes tous sans fortune et
chargés de famille.
C’est dans une position si exceptionnellement malheureuse que
je viens en appeler aux sentiments généreux de Votre Majesté,
afin qu’elle daigne m’accorder ou me faire accorder sur
les fonds spéciaux du Ministère de la guerre ou de l’intérieur,
un secours suffisant pour aller à Blidah prendre et ramener en
france ces pauvres orphelins, l’administration de l’hôpital
nous ayant fait connaître qu’elle ne devait et ne voulait
les remettre et s’en décharger, vu leur âge (Garçon
2 ans, fille 14 ans) qu’entre les mains d’un proche parent,
mandataire de la famille.
Ce nouveau bienfait, Sire, sera pour toute la famille et pour moi en
particulier, un nouveau motif de reconnaissance dont mon cœur s’acquitte
par les vœux sincères qu’il fait chaque jour pour
la conservation et la prospérité de Votre Majesté
J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect
Sire,
De Votre Majesté,
Le très humble et très fidèle serviteur
Blondeau »
« Mouthe, le 24 août 1853
Monsieur le Sous Préfet de Pontarlier,
En réponse à votre lettre du 22
courant, j’ai l’honneur de vous informer que, réellement,
le sieur BLONDEAU Pierre François, domicilié à
Mouthe, a fait, le printemps dernier le voyage de l’Algérie
pour en ramener 4 orphelins, enfants de son frère, les quatre
habitent actuellement Mouthe, avec le dit BLONDEAU, et qu’il vient
de me déclarer avoir employé pour faire ce voyage, plus
de 400 francs.
Je recommande ces malheureux orphelins qui appartiennent à d’honnêtes
parents à votre bienveillance.
Je suis, avec respect, Monsieur le Sous Préfet,
Votre très humble serviteur
Le Maire de Mouthe
Thiebaud »
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« A Son Excellence le Maréchal
Ministre de la Guerre
Monsieur le Ministre,
Les soussignés viennent solliciter de
Votre Excellence de vouloir bien ordonner le retour gratuit de la demoiselle
Elisabeth JEAN, fille de Augustin Louis JEAN et de Louise Geneviève
MORIN sa femme légitime, partis en qualité de colons en
Afrique, en 1848 et décédés tous deux dans cette
colonie, le premier en octobre 1849, la seconde en novembre de la même
année.
Cette jeune personne, aujourd'hui âgée de 19 ans, l'aînée
de 4 orphelins, est actuellement dans l'orphelinat des jeunes filles
à Oran.
Le soussigné, chef de famille, en faisant auprès de Votre
Excellence cette démarche que leur dicte l'ancienne et sincère
amitié qui les unissait aux parents de cette jeune fille, prennent
ici l'engagement formel,
De l'élever dans les principes d'une saine et sévère
morale,
De pourvoir à tous ses besoins, et de la mettre en état
de gagner un jour sa vie d'une manière honorable.
Les soussignés osent espérer, Monsieur le Ministre, que
le certificat de moralité qu'ils joignent à leur demande
disposera Votre Excellence à l'accueillir favorablement.
Ils sont avec un profond respect,
De Votre Excellence, Monsieur le Ministre,
Les très humbles et
Très obéissants serviteurs
Belleville, le 15 janvier 1854
Signé : Charvin »
Par suite des
décès arrivés à Bône des sieur
Augustin Louis JEAN âgé de 45 ans, le 13 novembre
1849 et Dame Louise Geneviève MORIN son épouse
âgée de 37 ans le 10 novembre de la même
année, lesquels sont, avec leurs 5 enfants ci après
nommés, partis pour l'Algérie le 20 octobre 1848.
Copie de la liste du 2ème convoi parti de Paris :
2ème |
433 |
JEAN |
|
Augustin |
44 |
Kléber |
2ème |
|
JEAN |
MORIN |
Louise |
39 |
Kléber |
2ème |
|
JEAN |
|
Augustine |
2 |
Kléber |
2ème |
|
JEAN |
|
Camille |
10 |
Kléber |
2ème |
|
JEAN |
|
Elisabeth |
13 |
Kléber |
2ème |
|
JEAN |
|
Louise
Aglaë |
17 |
Kléber |
2ème |
|
JEAN |
|
Marie |
12 |
Kléber |
Lesdits 5 enfants, Elisabeth, Charlotte,
Camille, Aglaë, et Augustine JEAN, âgés de
15, 13, 12, 8 et 3 ans et demi se trouvent dans une position
très pénible, privés de leurs parents.
Des parents, les sieurs CHARVIN et dame, domiciliés à
Belleville près de Paris, veulent bien prendre soin d'eux. |
Mais le retour de la jeune
Elisabeth a été retardé du fait que les
soeurs Directrices de l'orphelinat d'Oran ont retenu jusqu'à
ce jour la jeune fille, faute de pouvoir la confier en toute
sécurité à quelqu'un qui puisse la conduire
jusqu'à Paris ou au moins jusqu'à Lyon ;
elles espèrent qu'une occasion favorable se présentera
sous peu....... |
« A Son Excellence le Maréchal
Ministre de la Guerre
Monsieur le Ministre,
Les soussignés viennent solliciter de
Votre Excellence de vouloir bien ordonner le retour gratuit de la demoiselle
Elisabeth JEAN, fille de Augustin Louis JEAN et de Louise Geneviève
MORIN sa femme légitime, partis en qualité de colons en
Afrique, en 1848 et décédés tous deux dans cette
colonie, le premier en octobre 1849, la seconde en novembre de la même
année.
Cette jeune personne, aujourd’hui âgée de 19 ans,
l’aînée de 4 orphelins, est actuellement dans l’orphelinat
des jeunes filles à Oran.
Le soussigné, chef de famille, en faisant auprès de Votre
Excellence cette démarche que leur dicte l’ancienne et
sincère amitié qui les unissait aux parents de cette jeune
fille, prennent ici l’engagement formel,
De l’élever dans les principes d’une saine et sévère
morale,
De pourvoir à tous ses besoins, et de la mettre en état
de gagner un jour sa vie d’une manière honorable.
Les soussignés osent espérer, Monsieur le Ministre, que
le certificat de moralité qu ils joignent à leur demande
disposera Votre Excellence à l’accueillir favorablement.
Ils sont avec un profond respect,
De Votre Excellence, Monsieur le Ministre,
Les très humbles et
Très obéissants serviteurs
Belleville, le 15 janvier 1854
Signé : Charvin »
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Résumé :
Dans le courant du mois de mars 1855, le sieur Jean Georges LEIBY,
maçon de la Rosenau (Haut Rhin) est parti avec sa femme née Marianne
BEAUMLIN, et ses six enfants pour l’Algérie où il s’est
établi, en qualité de colon, à Sidi Bel Abbès, province d’Oran.
Le 9 novembre 1856, le père est décédé, et le 27 novembre 1856,
c’est la mère qui est décédée, en laissant sans ressource,
quatre enfants en bas âge.
Le sieur BAUMLIN Joseph, leur grand père, domicilié à la Rosenau
(Ht Rhin) demande à se charger de l’entretien de ces enfants.
Après s’être adressé en vain au Préfet et sous préfet du
Haut Rhin et de la Province d’Oran, il demande à ce que
les enfants soient envoyés à l’hospice dépositaire de Colmar.
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DEPARTEMENT DU
HAUT RHIN
CANTON D’HUNINGE
COMMUNE DE ROSENAU
Rosenau, le 15 décembre 1855
A Monsieur le Préfet du département du Haut Rhin à Colmar
Monsieur le Préfet,
Le soussigné BAUMLIN Joseph, demeurant à la Rosenau a l’honneur
de vous exposer très respectueusement qu’au mois de mars
dernier, son gendre M. LIEBY Jean Georges de la Rosenau, à quitté
cette commune avec sa femme et ses enfants, et s’était établi
avec sa famille, en qualité de colon, en Afrique, province d’Oran,
commune de Sidi Lahsen près de Bel Abbès, qu’au mois de
novembre dernier, le sieur LEIBY et sa femme moururent laissant
4 enfants en bas âge. Comme ces 4 enfants sont abandonnés, sans
consolation, et sans moyen d’existence, l’exposant
désire les avoir près de lui et les soigner convenablement, étant
leur grand père.
En conséquence, il ose vous prier, Monsieur le Préfet, de vouloir
bien faire prendre des mesures afin que ces enfants qui seraient
en Afrique, à la charge de l’Etat, soient livrés à leur
parenté dans la commune de Rosenau où leur grand père les prendra
à sa charge.
Il a l’honneur de se nommer avec le plus profond respect,
Monsieur le Préfet,
Votre très humble serviteur
Rosenau, le 15 décembre 1855 |
EMPIRE
FRANÇAIS
PREFECTURE DU HAUT RHIN
2e Division
1er Bureau
N° 2308
Colmar, le 5 janvier 1856
Monsieur le Ministre,
Dans le courant du mois de mars, le Sieur Jean Georges LEIBY,
de la Rosenau, est parti avec sa femme et ses six enfants pour
l’Algérie où il s’est établi, en qualité de colon,
à Sidi Bel Abbes, province d’Oran.
Au mois de novembre, les conjoints LEIBY moururent, en laissant,
sans ressources, quatre enfants en bas âge.
Le Sieur BAUMLIN (Joseph) leur grand père, domicilié à la Rosenau,
(Ht Rhin) demandant à se charger de l’entretien de ces
enfants, Je prie votre Excellence de vouloir bien prescrire
leur translation à l’hospice dépositaire de Colmar des
enfants LEIBY dont l’entretien est sans doute, en Afrique,
à la charge de l’Etat
Veuillez agréer,…..
Le Général de Division
Commandant la Province |
DIVISION d’ORAN
Administration Civile Des Territoires Militaires
Oran, le 26 février 1856
Monsieur le Maréchal,
M. le Préfet du département m’a transmis le 31 janvier dernier
votre dépêche du 18 du même mois, portant demande de renseignements
sur les enfants LEYBE que l’on supposait, à tort, placés
à l’orphelinat de Misserghin.
Il résulte des renseignements que j’ai demandés à leur sujet
auprès de l’autorité locale de Sidi Bel Abbès, qu’après
la mort des parents survenue en novembre dernier, trois des six
enfants LEIBY survivants furent recueillis par le Sieur JERGER
MARZEL, colon de Sidi Lahssen, qui en a toujours eu les plus grands
soins et les traite comme ses propres enfants ;
Ce sont :
Marie Anne, âgée de 15 ans
Anne Marie, âgée de 7 ans
Georges, âgé de 5 ans.
Les trois enfants décédés s’appelaient :
Joseph, âgé de 12 ans
Jean, âgé de 9 ans
Jean Baptiste âgé de 1 an.
Les orphelins recueillis par le sieur JERGER MARZEL pourraient
être confiés dans leur retour au pays natal, à un des nombreux
colons qui s’embarquent pour France, chaque courrier, recommandé
pendant la traversée à l’intérêt du Capitaine du bord et
également recommandés à la sollicitude de M. le Préfet des Bouches
du Rhône à leur arrivée de Marseille.
J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le Ministre,
de vouloir bien me faire connaître ce que vous avez jugé convenable
de décider à cet égard et, conformément à vos recommandations,
je joins à la présente dépêche les deux pièces que vous avez transmises
en communication à M. le Préfet d’Oran.
Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal,
L’expression de mes sentiments respectueux.
Le Général de Division Commandant la Province |
remonter
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A Son Excellence
Monseigneur le Ministre de la Justice,
secrétaire d’Etat en son Hôtel à Paris ;
Monseigneur,
Le soussigné BAUMLIN (Joseph le vieux), cultivateur demeurant à la Rosenau,
Canton de Huninge département du Haut Rhin, A l’honneur de vous
exposer avec le plus profond respect que le 24 mars 1855, le nommé LEIBY
(Georges) en son vivant maçon, époux de BAUMLIN Marianne, fille du suppliant,
a pris le parti d’aller en Afrique avec la susnommée épouse et
six enfants en très bas âge, croyant qu’au vu de sa profession
il se trouverait mieux à même d’élever sa famille avec honneur
et probité ; mais malheureusement la mère est décédée le 9 novembre
et ensuite le père décédé le 27 novembre 1855, et quelque temps après
sont décédés trois de leurs pauvres enfants orphelins, en sorte qu’il
en reste encore trois de ces malheureux qui se trouvent sur la surveillance
d’un nommé JERGER MAZEL, à Sidi Lashen près de Sidi Bel Abbès,
Province d’Oran (Algérie).
Et comme le suppliant, grand père de ces trois malheureux orphelins
désirerait les faire rentrer dans ses foyers afin qu’ils soient
soignés et élevés dans l’instruction, il s’est déjà à plusieurs
reprises adressé à Monsieur le Préfet et Sous Préfet du Haut Rhin, et
de la Province d’Oran, et même fait écrire par Monsieur le Commissaire
Spécial à St Louis, mais sans réponse.
Il prend donc la liberté de s’adresser à votre Excellence pour
vous prier de bien vouloir ouvrir un œil de compassion, non envers
le suppliant mais pour ces trois malheureux Innocents Orphelins délaissés
et abandonnés entre les Mains des Etrangers, en très bas âges, dont
le plus jeune n’a que cinq ans et la fille aînée n’a que
treize ans.
Votre œil très éclairé peut concevoir la triste position dans laquelle
ces malheureux enfants se trouvent.
Le suppliant ose donc espérer que sa supplique sera accueillie favorablement
et le ciel qui aime la pureté des mœurs saura récompenser les vôtres.
Dans cette douce espérance, il a aussi l’honneur de se nommer
avec le plus profond respect ;
Monseigneur,
De votre excellence
Votre plus soumis et très dévoué serviteur
Signé : Zermelin
Rosenau, le 25 mars 1856 »
MINISTERE DE
LA JUSTICE
AFFAIRES CIVILES Et du SCEAU
1ER bureau
Paris le 29 mars 1856
Monsieur le Ministre et Cher Collègue,
J’ai l’honneur de vous renvoyer, comme objet rentrant
dans les attributions de votre département, un mémoire par lequel
le Sr BAUMLIN, cultivateur à la Rosenau (Haut Rhin) sollicite
l’intervention du gouvernement, à l’effet d’obtenir
le renvoi en France de ses petits enfants qui seraient confiés
aux soins du Sr JERGER MARZEL, demeurant à Sidi Bel Abbès, province
d’Oran (Algérie). Agréer, Monsieur le Ministre et cher collègue,
l’assurance de ma haute considération.
Le Garde des Sceaux
Ministre de la Justice
Par autorisation :
Le Directeur des affaires civiles et du Sceau |
MINISTERE DE
LA GUERRE
3e Direction
AFFAIRES DE L’ALGERIE
MINUTE DE LA LETTRE ECRITE
Par le Ministre
A Mr le Général Commandant la Division militaire d’Oran
Le 2 avril 1856
Général, en réponse à votre lettre en date du 18 de ce mois, j’ai
l’honneur de vous informer que les 150 francs à remettre
aux enfants LEIBY pour leurs frais de route de Marseille au domicile
de leur grand père, doivent être imputés sur les fonds du Chapitre
2, article 5 du budget local et municipal (hospices et établissements
de bienfaisance).
C’est par une erreur de copiste que l’article 3 a
été désigné dans ma dépêche du 11 mars courant.
Recevez ….. |
DIVISION d’ORAN
Administration Civile Des Territoires Militaires
SECOURS AUX COLONS NECESSITEUX
Oran, le 17 avril 1856
Monsieur le Maréchal,
J’ai l’honneur de vous rendre compte que j’ai
pris les mesures suivantes au sujet du rapatriement des orphelins
LEIBY, ensuite des instructions contenues dans vos dépêches des
15 mars et 2 avril dernier (5e Direction, 1er bureau n°77 et 102.
Les trois enfants LEIBY seront envoyés à Oran par les soins de
M. le commandant de Subdivision de Bel Abbès, de manière à arriver
le 27 courant, au plus tard. Ils seront embarqués le lendemain
28 à bord du courrier pour Marseille et recommandés par moi aux
soins du Capitaine du bord, ainsi qu’à M. le Préfet du département
des Bouches du Rhône par M. le Préfet d’Oran qui demandera
également les secours de route à son collègue en faveur des enfants
LEIBY jusqu’à destination.
J’ai prescrit à M. l’Intendant, Militaire de la Division
de me délivrer de 150 francs imputable sur le chapitre 2, art
5 au budget local et Municipal et la dite somme sera remise aux
enfants LEIBY au moment de leur départ d’Oran, défalcation
faite de leurs frais de transport de Sidi Bel Abbès ici, si leur
voyage s’effectue par les diligences faute de convoi en
partant pour cette dite époque. J’ai lieu de croire, Monsieur
le Maréchal que vos bienveillantes intentions à l’égard
de ces enfants se trouvent ainsi parfaitement assurées
Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal, l’expression de mes
sentiments respectueux.
Le Général de Divisions commandant la Province ,
Par son ordre
Le Colonel Chef d’Etat Major. » |
MINISTERE DE
LA GUERRE
5e Direction
AFFAIRES DE L’ALGERIE
MINUTE DE LA LETTRE ECRITE
Par le Ministre
A M. le Préfet du Haut Rhin
Le 28 avril 1856
« Monsieur le Préfet,
Je m’empresse de vous informer que les enfants LEIBY dont
vous m’avez demandé le rapatriement, doivent s’embarquer
le 18 de ce mois pour Marseille, ainsi qu’il résulte des
renseignements qui viennent de m’être transmis par le Général
commandant la division d’Oran. Ces orphelins seront recommandés
conformément à mes instructions à votre collègues des Bouches
du Rhône, qui prendra les mesures nécessaires pour qu’ils
arrivent sûrement à leur destination ; il leur sera remis ainsi
que j’ai eu l’honneur de vous le mander le 8 du courant,
une somme de 150 francs au moment de leur départ de l’Algérie
destinée à faire face à leur frais de voyage du port de débarquement
à la Rosenau.
Veuillez, je vous prie,donner immédiatement avis de ces dispositions
au Sieur Joseph Baumlin, grand père des enfants LEIBY.
Recevez ….. |
remonter
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lettre adressée
à :
Monsieur Simonin
Officier d’Infanterie topographe
A Plaisance rue de l’ouest
Pour remettre à sa nouvelle adresse à Paris
El Biar le 6 juin 1856
Ma bonne bien aimée Mère,
C’est votre enfant qui vient aujourd’hui vous supplier
de faire toutes les démarches pour n’avoir oh combien
je regrette de n’avoir pas consentie à vos premières
instances, mais je vous supplie de ne rien dire aux religieuses,
car je vous écris en secret ; si on le savait je
serais perdue. Je suis trop malheureuse, mes jours se passent
dans les larmes. Oh ma mère, ayez pitié de votre
enfant.
Si vous me voyez maintenant, je n’ai pour partage que
la peine et le chagrin. Oh, maintenant on n’est plus pour
moi comme auparavant, personne ne m’écrit plus
comme il semblait avant que j’ai fait des vœux.
Déjà quelques jours après ma consécration
perpétuelle, j’étais malheureuse. Faites
des démarches sans dire que je vous ai écrit.
J’envoie cette lettre par une de mes amies de qui je suis
sure, et je vous promets de mon côté de répondre
à votre appel. Oui, je veux être près de
vous bonne mère. J’ai
vos peines si vous en avez.
Je pourrai vous dire, ma mère, tandis que je n’ai
rien pour me consoler ; je pleure sans que la main d’une
tendre mère essuie mes larmes ; enfin, en un mot,
je suis malheureuse.
Oh ma mère bien aimée, je vous en supplie, faites
moi vite venir près de vous.
D’après vos lettres, je persisterai en disant que
je veux m’en aller. Adieu chère mère c’est
avec le cœur brisé et des larmes que je vous fais
le récit de ces peines que je vous conterai près
de vous.
Je vous embrasse mille fois ma bonne mère, et désire
vous serrer dans mes bras.
Mille choses à mon beau père que je désire
connaître ; mille baisers de votre fille qui vous
aime et vous aimerez toujours. Je ne sais ce que je fais ;
je ne peux vous en dire plus long.
Adieu ma mère adorée.
Votre enfant
Hélène
Lettre de Achille Simonin, beau père
de Hélène Irma PETIT :
« Plaisance, le 24 octobre 1856
Objet :demande à son Excellence Monseigneur le Ministre
de la guerre, pour que ma belle fille qui a été
colonisée en 1849 revienne aux frais de l’Etat,
vu que comme ancien officier je suis sans ??
Monseigneur,
Je prends la respectueuse liberté de vous exposer que
ma belle fille, Hélène Irma PETIT, âgée
de 19 ans se trouve au couvent du Bon Pasteur d’El Biard
près Alger ; sa mère, ma femme, désire
la faire revenir près d’elle. D’après
une lettre qu’Hélène nous a écrit
le 6 juin 1856.
Madame la Supérieure dudit couvent, Madame Ste Philomène
de Strauski y consent, mais ce qui m’embarrasse moi, c’est
que je suis sans fortune et que je n’ai qu’un
secours annuel de 350 francs par an que je touche
de 6 mois en 6 mois. Comme ancien sous Lieutenant au 39e
de Ligne, je suis donc dans l’impossibilité
de pourvoir à son voyage.
En conséquence, Monseigneur, si vous aviez l’extrême
bonté de la faire revenir chez nous, rue de l’ouest
à Plaisance ; je puis vous certifier que notre
reconnaissance sera éternelle !..
Hélène Irma PETIT, ma belle fille est partie en
1849 avec son père pour aller coloniser à
Orléansville ; c’était M. Martin
de Morostolle qui commandait alors cette place ; et je
pense qu’à ce titre, vous daignerez m’accorder
l’insigne faveur que je sollicite de l’extrême
bonté de Votre Excellence.
Moi, Monseigneur, je compte 14 années de services, 3
camps et 2 campagnes (Anvers 1831 et 1832) (toujours au 39e
de ligne) ; Je fus admis au traitement de réformé
de 1838.
De plus, je compte 4 ans de service dans la garde nationale,
et, en juin, je suis resté 5 jours et 5 nuits sous les
armes pour maintenir l’ordre X 1e Légion
7e Cie 1er 19e (compagnie Vigla).
Si tous ces titres pouvaient militer en ma faveur pour que ma
belle fille me soit rendue aux frais de l’Etat. Vous rendriez,
Monseigneur la santé à sa pauvre mère
et à moi le repos et la tranquillité !..
En attendant une réponse en ma faveur, je vous supplie
de me croire.
De Votre Excellence,
Monsieur le Maréchal,
Le très humble et très respectueux serviteur.
Achille Simonin » |
Mais la Supérieure du
Couvent d’El Biar qui avait déjà mis obstacle,
3 ans auparavant à la rentrée de Hélène
PETIT chez sa mère, ne parait nullement disposée
à la faciliter en cette circonstance. C’est ainsi
que, considérant la mesure bienveillante par laquelle
le Ministre secrétaire d’Etat de la guerre avait
accordé une somme de 50 francs pour le voyage par terre,
Mme la Supérieure sollicitait encore l’envoi préalable
d’une autre somme pour l’habiller.
Le Préfet fait remarquer qu’il sera difficile de
comprendre qu’en sortant d’une maison charitable,
Hélène PETIT n’ait pas même un vêtement
pour rejoindre ses parents et que un nouvel ajournement pourrait
être considéré comme une séquestration.
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Le 6 décembre 1856, la jeune Hélène
PETIT s’embarque pour la France.
Elle a été recommandée
auprès du Capitaine du bâtiment ainsi qu’au
Préfet des Bouches du Rhône qui devra lui assurer
une surveillance de Marseille à Paris.
Elle recevra une somme de 50 francs au moment de son embarquement.
Le Préfet des Bouches du Rhône devra écrire
pour prévenir de la voie par laquelle cette jeune fille
se rendra à Paris, afin qu’elle puisse être
reçue lors de son arrivée. |
remonter
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Courrier de Monsieur TRIPIER,
à
Son Excellence le Ministre Secrétaire d’Etat au département
de la guerre ;
« Paris, le 6 avril 1955
Monsieur le Ministre,
Permettez que deux pauvres orphelins (Julie Marie TRIPIER et
François Sosthène TRIPIER) habitant la commune
de Constantine lieu dit Le Moulin Lavie (Algérie) viennent
se jeter dans vos bras pour supplier votre bonté que
vous daigniez les faire rentrer en France, aux frais de l’Etat
afin de trouver dans la famille de leur père les secours
et l’assistance que réclame leur jeune âge.
Ces deux mineurs sont issus du sieur Claude Eugène TRIPIER,
décédé au dit Constantine le 5 février
dernier et de feue Françoise Adelaïde DUSSARD, décédée
à Paris sur le 10e arrondissement.
Le feu sieur TRIPIER s’était remarié en
2e noce à une demoiselle Alphonsine Virginie GILLON,
aujourd’hui sa veuve.
Laquelle se trouve dans l’impossibilité d’élever
les deux mineurs qui par le fait, ne sont pas ses enfants puisqu’ils
sont nés d’un premier lit.
C’est d’après la triste position où
se trouvent les deux orphelins ci-dessus dénommés
que la famille de leur père s’est réunie
pour les prendre et en avoir soin comme de leurs propres enfants.
Un si grand sacrifice de la part des parents étant déjà
une charge très lourde pour eux, ils viennent, au nom
des dits enfants réclamer leur transport gratuit jusqu’à
Paris, où ils descendraient chez le sieur TRIPIER leur
oncle, rue Richelieu n° 18.
En accordant cette faveur aux suppliants qu’ils sollicitent
de votre Excellence, vous aurez fait un acte de la plus grande
équité et qui pourra être mis au rang des
bontés que vous prodiguez chaque jour aux infortunés
qui ont recours à votre Sollicitude en pareille circonstance.
Le sieur TRIPIER, rue Richelieu n° 18 qui prend personnellement
la liberté de vous adresser la récente pour les
motifs sus énoncées ose espérer, Monsieur
le Ministre, que vous daignerez l’accueillir favorablement,
pourquoi il vous en offre d’avance l’hommage de
se reconnaissance, ainsi que le respect profond avec lequel
il a l’honneur d’être.
De Monsieur le Ministre,
Le très humble et très obéissant Serviteur
Signé TRIPIER »
Le retour se fera à partir de Stora sur le paquebot
qui doit partir le 3 juin 1855 et arrivera le 5 à Marseille.
Il sera gratuit jusqu’à Marseille.
Mais, alors que la somme ordinairement allouée est de
50 francs par rapatriement de chaque orphelin, pour les enfants
TRIPIER il n’en est pas de même : en effet, ces
enfants ne se trouvent pas dans une position qui leur rende
ce secours absolument nécessaire, et la somme qui a été
fixée est de 50 francs pour les deux enfants.
Cette somme de 50 francs leur sera remise au moment de leur
débarquement.
Mais cette somme étant insuffisante pour couvrir le reste
du voyage, M. Philippe TRIPIER, l’oncle paternel des enfants,
se rendra lui-même à Marseille pour les recevoir
à leur débarquement, de telle sorte qu’ils
seront en pleine sûreté tant pour les soins que
pour les frais de voyage jusqu’à leur entrée
dans la famille à Paris.
« A son Excellence
Monsieur le Ministre de la Guerre,
Monsieur le Ministre,
Je ne sais de quelle manière vous témoigner toute
la reconnaissance que vous doit la famille TRIPIER, au sujet
du transport gratuit des orphelins François et Marie
TRIPIER, habitant Constantine (Algérie) pour leur retour
en France.
Cet acte si bienveillant de Votre Excellence, Monsieur le Ministre,
sera remis à toute époque sous les yeux de ces
enfants pour leur faire connaître combien ils vous sont
redevables de la faveur que vous leur accordez.
En conséquence, d’un si grand bienfait, Monsieur
Philippe TRIPIER, un des oncles paternel des enfants, se rendra
lui-même à Marseille pour les recevoir à
leur débarquement, de telle sorte qu’ils seront
en pleine sureté tant pour les soins que pour la des
frais de voyage jusqu’à leur entrée dans
la famille à Paris, qui a bien voulu se charger de tout
ce que peut nécessiter leur jeune âge.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre,
L’hommage du profond respect de celui qui a l’honneur
d’être tant en son nom qu’en celui d’une
famille reconnaissante.
Votre très humble et très
obéissant serviteur.
Signé : Tripier »
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